Pourquoi sevrer son bébé?
C'est drôle, quand j'avais une dizaine d'années, j'avais
demandé à mon père ce que cela signifiait "sevrer". Il m'avait dit:
" à un moment donné, les femmes doivent arrêter de donner leur lait au
bébé.
- Pourquoi?
- Ben c'est comme ça. Les chèvres peuvent continuer à donner
leur lait à leur petit, mais pas les humains. Il faut les forcer à arrêter de
téter leur mère."
La réponse m'avait profondément insatisfaite et j'avais même
dit: "c'est cruel!"
Oui décidément, l'Isabelle d'aujourd'hui est fidèle à l’Isabelle
de l’enfance: oui, pourquoi arrêter de donner une nourriture naturelle, bonne,
chaude, goûteuse, d'amour pour la raison que "c'est comme ça?" Et non
ce n'est pas comme ça! C'est juste une entourloupe des industries du lait et
d'une société qui fait croire que travailler, travailler, il n’y a que ça de
vrai.
Je lisais, pas plus tard qu’hier : « si votre enfant
sent un lien fort d’appartenance, s’il se sent accueilli, aimé et peut
continuer à se développer pendant la première année de sa vie tout contre vous,
alors vous êtes ensuite tranquille pour les 15 à 20 ans suivants : il vous
fera confiance et aura une grande confiance en lui. » Donc chers
publicitaires des « vivent les crèches et la collectivités dès 2 mois et
demi! » je vous dis : pour ma part, je fais un investissement. J’investis
dans la première année de mon fils et dans sa petite enfance. La maison de son
être commence par ses fondements et ses fondements, ce sont ses premiers mois,
voire ses premières années.
Je gagne peu, je dépense peu, mais mon bébé est heureux. Il s’épanouit
en sourires et en rires. Et je suis sûre que cette joie de vivre est en train
de structurer tout son être.
Je travaille quand mon bébé dort. Quand il est réveillé, je le
porte sur le dos pour vaquer à mes occupations ménagères ou je sors avec lui
tout en accomplissant diverses démarches que je mets de côté pour ces sorties. Je
m’arrête toujours ici ou là pour voir la mer ou un brin de verdure. Ou bien je
joue avec lui.
J’espère ne pas soupirer un jour comme ces personnes malheureusement qui disent: « ça passe tellement vite! Après ils
grandissent et ce n’est plus pareil! » où j’entends en filigrane : « je n’ai
quasiment rien vu de la petite enfance de mon enfant ».
Pendant ma grossesse, j’ai reçu des tas de malédictions :
tu verras dans un mois tu vas vomir. Et je n’ai pas vomi. Puis tu verras, tu ne
dormiras plus. Et j’ai dormi. Et tu verras l’accouchement, tu oublieras vite.
Je ne veux surtout pas oublier! Et tu verras, tu vas avoir le baby blues. Mais
quelle grâce d’avoir mon petit contre moi! Et tu verras, il va pleurer, etc. Ce
sont ces mêmes personnes qui s’exclament : « profites bien
maintenant, tu verras plus tard, après ils grandissent et ce n’est plus pareil!
(sous-entendu: après c’est encore pire. » Charmant! Le futur semblerait
ainsi toujours menaçant. Cela a le don de m’agacer. Bien sûr, j’entends
derrière ces propos toutes les difficultés que ces gens ont rencontrées et la souffrance qu'ils portent, mais
pourquoi cela serait-il inéluctable pour tous? Et pourquoi regarder le
phénomène de croissance et d’évolution naturelle comme un chemin de croix? Et pourquoi
ne pas s’arrêter pour comprendre comment trouver une joie profonde à vivre
chaque jour, chaque heure, chaque moment à travers les changements et les efforts?
Je suis convaincue que nous avons besoin de nous réjouir de
chaque pas que nous faisons et de balayer les peurs devant nous, pour avancer
avec bonheur. Si mon petit fait un progrès, je me réjouis avec lui (et
intérieurement que je suis fière!) Qu’il est bon de le voir attraper ses légumes
et les porter à la bouche! Qu’il est beau de le voir tenir assis, fasciné
devant son étagère de jouets nouvellement aménagée! Si je présume d’éventuelles
catastrophes, l’angoisse au ventre, je passe à côté du moment présent qui est
un véritable présent. Je passe à côté de ce qui existe en raison d’une
probabilité. Non seulement c’est vraiment béta, mais en plus cela peut même
complètement provoquer ce malheur qui ne serait pas arrivé si je ne m’étais pas
crispée sur la pensée de ce malheur. Si je reste tranquillement vigilante, j’essaie d’éviter la
suspicion de m’envahir de ses noires pattes velues.
Bon, tout cela pour dire : j’ai exploré davantage le
site de la diversification alimentaire:
Car dès le sixième mois révolu de mon
bébé, j’ai entamé cette méthode. Pendant une petite semaine, j’ai un peu
appréhendé et j’ai même craqué deux fois pour lui écraser une banane et lui
enfiler dans la bouche quelques cuillerées (impulsion d'auxiliaire de puériculture). Mais devant les grimaces d’Alexandre,
je lui ai vite demandé pardon et j’ai relu un peu le site. Il invite à la
patience : bébé a au moins UN AN, pour passer du lait à l’alimentation
variée : on a le temps. Je répète : on a le temps! Ouf, bon, donc je le
laisse explorer les aliments. Que je suis émue, au bout de plusieurs semaines,
de le voir attraper bâtonnets de courgettes, aubergines, carottes… pour les
grignoter de sa petite bouche sans dents! Nos moments repas sont un délice. Et
je redécouvre les saveurs des aliments : cuits à la vapeur.
Et mon lait? Si Dieu le veut: autant qu'Alexandre en aura besoin.
Allez
sur ce, je vous souhaite une très bonne nuit!
Je suis désolée si cet écrit peut agacer voire blesser certain(e)s, je tenais à vous partager mes découvertes et expériences.
Je suis désolée si cet écrit peut agacer voire blesser certain(e)s, je tenais à vous partager mes découvertes et expériences.