Ce Blog a été créé en premier pour ma famille et mes amis, en réponse à une demande de "liste de naissance":
- voir le tout premier article du Blog, du dimanche 17 novembre 2013
- suite à des remarques, je vous signale que les liens sont en marron, exemple dans la ligne juste au-dessus. Cliquez dessus pour voir les articles.

Ce Blog est aussi un carnet reflet de ma maternité et un lieu de mutualisation de réflexions, idées, astuces, contacts autour de Bébé, et maintenant du jeune enfant élaborés, trouvés et reçus au gré de lectures et rencontres avec de belles personnes.

On peut aussi y trouver quelques unes de mes propositions artistiques, notamment tous les rendez-vous pour écouter mes contes, les informations concernant mes publications et mes coups de cœur.

J'espère qu'il vous sera utile et/ ou que vous prendrez plaisir à le lire.


Plein d'amour.

Isabelle.

jeudi 1 janvier 2015

Bonne année 2015!


"Viens voir! Le soleil sort!" dit Papapapy
Je sors. Il fait 1 degré tout rond et nous sommes le 1er janvier tout rond 2015.
Le ciel est tout blanc, le soleil paraît comme une lune blanche.

"Regarde, le ciel est bleu!" dit Papapapy
Il y a une touche de bleu dans le gris du ciel.

"Regarde Papapapy, une rose de Noël!"
Je montre cette rose givrée.

Je vous souhaite pour la nouvelle année, ce regard qui s'émerveille de chaque touche de beauté, de poésie, au milieu de ce qui aurait pu paraître "pas beau".

Je vous laisse avec ce texte, que j'aime.


lundi 29 décembre 2014

Le Cercle d'une naissance



J'avais envoyé cet article cet été à la revue Rêve de femmes, mais il se trouvait entre le thème du dossier et le style du partage et du coup, n'a pas été sélectionné:

"Mon ami dragon Falcor m’annonce toujours les passages et cycles de ma vie. Il vient à mes côtés ici pour vivre le rêve du don et de l’accompagnement de la vie.

Ce petit matin-là, alors que je suis allongée sur la plage, rêvant devant ces premiers rayons de soleil d’automne qui commencent à sourire dans le ciel, un éclair blanc sort de la mer et le dragon de mon enfance, mon compagnon depuis presque toujours, surgit des vagues. Il vole et dans un grand souffle vient se poser à côté de moi de tout son long. Quand Falcor apparaît, c’est en général que quelque chose d’important va se passer dans ma vie. Falcor a des grands yeux sombres aux longs cils. Ses poils blancs duveteux, ses oreilles qui se balancent comme ses toutes petites ailes, tout chez lui a un air de douceur. Je rêve depuis longtemps de voler sur le dos de Falcor. Sa présence m’emplit de bonheur et d’attente en même temps : joie de le sentir à mes côtés, impatience de partir à l’aventure avec lui, grâce à lui. Mais il n’est pas pressé, sa langueur fait partie de sa douceur. Alors je prends des galets dans le creux de mes mains. Falcor cependant tourne sa grande tête vers mes genoux et la dépose dessus en soupirant visiblement de contentement. Alors je passe mes mains dans ses poils. Il ronronne comme un gros chat sous mes caresses. Entre le son des vagues, la chaleur douce du soleil et de mon compagnon, ainsi que son bruit de bonheur, il me semble à la fois m’évaporer dans la lumière et l’eau si bonnes et sentir la Vie battre pleinement en moi.
Puis son regard se plonge dans le mien : « tu es enceinte » m’annonce-t-il. Immédiatement, une joie immense m’emplit. Je ne suis certes plus avec le papa, mais qu’importe, je souhaite depuis si longtemps porter la vie. Mais soudain j’ai peur. Chacun de nos pas avancent ou reculent selon notre degré de peur ou de désir. Là j’accueille la nouvelle, mais mille et une questions apparaissent : je veux être respectée pendant ma grossesse, pendant mon accouchement et faire que mon enfant se sente profondément aimé, comment faire? Je connais les protocoles des gynécologues qui ne parlent que de poids, de mesures, de traitements et d’interventions, je connais les accouchements où l’on crie, on tire, on pousse, on coupe, on césarise à tire larigot, je connais ses enfants affublés de caprices, d’humeurs, d’intentions, alors qu’ils ne demandent qu’à être tout contre et profondément compris. Je ne veux rien de tout cela. Je le rejette d’un bloc. Comment y échapper? Falcor souffle et de ses narines fumantes se dessinent des formes, comme autant de pistes possibles. Est-ce que je rêve trop grand? Je vois des femmes, comme des sœurs, qui me regardent de manière bienveillante, elles écoutent, leurs yeux pétillent de joie et de bonté. Je les vois qui posent leurs mains sur mon ventre et parlent avec amour à mon petit. Elles dessinent avec de la terre de couleur de beaux tableaux dessus tout en disant des bénédictions. Nous rions beaucoup. J’entends des chants, beaucoup de chants, comme des rythmes d’Hawaï qui appellent mon petit. Je chante une longue prière, comme une myriade de notes-bougies qui ouvre mon corps, balaye la douleur, la transcende en bonheur et laisse mon petit passer. Je vois ses yeux si courageux, si innocents, tout imprégnés de divinité. Il tête. Mon corps est sa source. Et je le vois sourire, et rire, et dormir en suçant son petit pouce et poser ses mains sur mes joues pour les caresser. Falcor : « ton fils : on ne l’entendra quasiment jamais pleurer. » Alors le désir balaye la peur, un grand « oui » à la Vie prend forme et soudain, je veux me battre pour ce rêve, et pour qu’il soit possible pour d’autres, d’autres enfants, d’autres porteurs de Vie.
Les pseudos-réalités s’effondrent toujours sous les galeries que creusent sous elles les soi-disantes utopies.

L’œuf a pris chair et a fait de mon ventre son nid. J’ai rencontré d’autres femmes enceintes, nous avons célébré nos grossesses et nous nous sommes entraidées. J’ai fait un parcours pour accoucher à domicile et j’ai été accompagné par une doula et une sage-femme libérale effectuant cette très noble œuvre d’aider les femmes à accoucher chez elles, dans l’intimité et la confiance. J’ai chanté durant tout mon accouchement en priant et en parlant aussi à mon petit bébé. Mon petit oiseau en qui je déverse tous mes chants grandit chaque jour. Je ne comprends pas les propos sur l’allaitement : « c’est votre choix! » Pourquoi alors ne pas dire la même chose de la marche? « Tu peux marcher, tu peux aussi remplacer tes jambes par des béquilles, c’est ton choix! »  Comment peut-on banaliser le fait que des personnes choisissent que leur enfant soit 27 fois plus enrhumé (si on ne prend que cette donnée) que les autres, en prenant du lait industriel?

Puis presque cinq mois ont passé et une nuit, je rêve d’oiseaux aux belles plumes colorées et harmonieuses. Mes cheveux sont devenus de paille et de laine. Je prends rendez-vous dans un salon de coiffure que l’on m’a conseillé, « pas comme les autres », où l’on utilise des produits confectionnés sur place à base d’argiles, d’huiles, d’hydrolats, d’eaux florales… : « L’Oiseau bleu » ! Nathalie m’enveloppe de son regard : « est-ce que vous allaitez? Avez-vous eu votre retour de couche? Quelle est l’odeur de votre sueur actuellement? » Rien que d’entendre ces questions, cela fait du bien. Enfin on me parle de choses réelles. Tandis que mon petit est dans les bras de nounou Valérie dans notre nid, je me fais cajolée par une autre femme emplie de bonté. Je vois dans ce salon de belles personnes aux cheveux « poivre et sel » remplis de santé, aux regards lumineux, je vois une jeune fille aux boucles denses dans lesquels on a envie de passer les doigts. Et puis Nathalie me masse le crâne, me fait m’allonger sur un matelas ultra confortable pour le shampooing et le soin. Des volutes décorent tout le salon. Nous avons tant besoin de tels cercles de bonté qui rayonnent de plus en plus en et autour de nous, une bonté qui rencontre l’unicité et le rythme de chacune et chacun.  « Vous allez avoir votre retour de couche » m’annonce Nathalie.
Et quand je sors du salon, qui est-ce que je vois passer dans le ciel d’azur dans un éclair blanc? Oui, c’est bien mon ami Falcor : il me fait un clin d’œil, la boucle est bouclée."

Le salon de coiffure est bien L'Oiseau bleu, au 17 rue Gubernatis, à Nice.

La Source

Voici mon premier article paru dans la revue Rêve de femmes.

L’eau, la terre, la végétation demandent à être soignés, les créatures aussi, l’humain y compris. Comment se fait-il que celui-ci détruise autant autour de lui? Et si on commençait à prendre soin de lui tout petit, ne serait-il pas amené à reproduire ces gestes bénéfiques?

Un hêtre est tombé ce matin, lui qui avait vu tant de vies passer. J’ai contemplé son tronc rompu, des larmes ont ruisselé sur mes joues et une longue méditation est venue m’habiter. En voici les fruits :
Des forêts sont dévastées par l’homme, des sources d’eau potable sont souillées, des espèces animales entières sont anéanties voire massacrées par ce même homme, des conflits et des guerres absurdes rendent la vie d’humains horribles. Deux possibilités s’offrent à moi qui me sent innocente de toute cela : soit je pense que c’est une fatalité (et je déprime ou je m’enferme dans des illusions), soit je m’attelle à faire ma part et je me réjouis de chaque goutte de bonté et de beauté que mes mains avec celles de mes sœurs et frères accomplissons.
Le mot « écologie » vient du grec oikos qui signifie « maison » et logos, « la science », « la connaissance ».

Ma maison, c’est déjà mon corps. Reconnaître son besoin de dormir ou de manger sainement est essentiel, et cela dès le plus jeune âge. Bien des maladies prennent leur origine dans le manque de sommeil ou une nourriture manquant de fruits et légumes frais ayant poussé naturellement. Il est si important de savoir repérer plusieurs fois par jour, si j’ai mal quelque-part. Ai-je besoin de plus de lumière? Une balade me ferait tant de bien... Ai-je besoin de détendre et fortifier mon corps? Nager une heure cette semaine devient impératif… Mais mon corps n’est pas seul à demander à être écouté.
Mon âme a tellement soif de reconnaître le caractère sacré de toute trace de vie. Merci pour l’eau, sacrée, qui constitue 75% de mon corps! Merci pour le chant des oiseaux, que j’ai tant envie d’imiter! Merci pour les regards purs que je viens de croiser! La louange désaltère mon cœur de sa source joyeuse.
Qu’en est-il des liens entre les habitants de la maison? Ils prennent forme dans l’accueil qu’on leur a offert dès leur naissance. Oh combien j’aimerais que toute femme, quelle que soit sa situation, caresse son ventre qui s’arrondit, soigne ses pensées, se protège des influences qui pourraient être nuisibles, cultive la douceur et la tendresse! Oh combien je souhaiterais que chacune puisse naturellement donner vie dans la confiance, l’intimité, le bonheur! Oh combien je rêverais que toutes puissent savoir que leur lait d’amour est un liquide précieux et irremplaçable et que leur bébé n’a pas la capacité de concevoir de caprice, mais est un être tout dépendant d’elle! « Je suis là pour toi mon bébé chéri, je suis si heureuse que tu existes, je suis si heureuse de t’accompagner et de te raconter la vie. » Que je désirerais que chacune murmure cela au creux de l’oreille de son tout-petit! Chaque bébé a le droit d’être porté, « d’avoir les bras », d’être câliné, cajolé inconditionnellement, d’avoir des temps où l’on rit avec lui, où l’on danse et joue avec lui, où l’on chante pour lui, sans lui prêter des intentions malignes ou manipulatrices qu’il n’a pas. Accompagné ainsi, le petit est dans la confiance, la sérénité et la joie. Il n’a pas besoin d’ « obéir », il n’a pas à être « dressé », ou à chercher à « être sage » : il suit l’adulte, il sait que celui-ci ne lui veut que du bien. L’amour attire. Les moqueries, les désirs de domination écrasent et font fuir l’enfant. L’écologie des relations entre adultes prend ses racines dans cette vie affective. J’ai la mémoire des bras et du cœur de celui ou celle qui s’est occupé de moi enfant. Tant que je n’ai pas senti, dans mon corps, dans le regard, dans la douceur de la voix d’une personne que l’amour est un puits intarissable, hélas j’errerai et parfois même, prendrai les chemins des destructions.

Ma relation à l’environnement en est donc fortement influencée. Si je me sens accueillie dans cette vie, quel besoin ai-je de vouloir exploiter? J’ai déjà ma place. Je ne suis pas poussée à jalouser, encore moins à tuer. J’observe la vie autour de moi : celles des personnes qui vivent autour de moi, mais aussi des animaux, la beauté des couleurs, des lumières, des mouvements de la nature. J’en apprends que chaque chose a sa place, comme moi j’ai la mienne. J’apprends aussi que chaque chose et chaque être est unique, avec sa propre histoire et ses particularités.
Mais que faire si je crois que la fatalité m’englue forcément dans des souffrances dont je ne suis même pas responsable? Ou si même je n’ai pas conscience que ma vie passe tandis que je vois les images de mon écran défiler?
Il est temps de l’éteindre et de comprendre que chaque seconde peut être vibrante de vitalité, y compris quand ce sont des secondes de bon repos dont j’ai tant besoin. Il est tant de soigner mes plaies pour ne pas les faire suinter sur les autres, notamment mes enfants ou sur mon chat, mon chien, ou mes collègues ou mon homme ou ma femme. Il est tant de leur offrir bienveillance et pensées positives, qui cherchent à comprendre, à compatir, à voir et à mettre en valeur leur beauté. Si mon regard s’arrête sur ce qui ne va pas, que ce soit pour en comprendre la source et comment trouver une solution : trouver le geste tendre, la parole apaisante, le regard de gentillesse ou le silence de vérité.

Ce jour-là, quand je rêve d’un monde meilleur, j’imagine que chaque être humain prenne conscience de prendre soin de la vie, de l’infiniment petit à l’infiniment grand et de ne pas oublier, de planter, de temps à autre, quelques faînes, aux détours des promenades, en respirant à pleins poumons et en se sentant libre de lever la tête vers les branches magnifiques, ouvertes comme des bras généreux et bons qui bercent le vent.