J’entends ma cousine dire :
« Le lait à la base c’est juste alimentaire, autrement on prend l’enfant
pour un jouet. »
Comment peut-on parler comme ça? Ça
me choque, c’est tellement faux.
Depuis l’expérience de John Bowlby
et de ses pauvres petits singes, on sait très bien que l’amour est plus
important que le lait et que la prise de lait est prise d’amour en même temps.
Je rappelle cette expérience : on a séparé ces petits singes de leur maman
et on leur proposait une mère en fer (barbelés? Je ne sais plus) avec un
système avec du lait où le petit pouvait boire et une mère à l’opposé de la
cage en matériel tout doux tout chaud. Le petit préférait se blottir contre la
seconde, quitte à se laisser mourir de faim.
Non seulement ce n’est pas jouer
avec l’enfant que de lui offrir tout notre amour en l’allaitant, mais c’est un
besoin vital, essentiel. Maria Montessori rappelle dans L’Enfant et sa famille,
que « l’homme ne se nourrit pas que de pain. » Mais en fait tout être
vit de nourriture d’amour.
Après il existe des femmes qui ne
répondent aux demandes de leur enfant qu’en voulant les faire téter. Mais
l’allaitement n’est pas la seule réponse d’amour (sinon le bout des seins est très vite irrité et l'humeur aussi...) Le contact contre soi, les
bercements, les gestes tendres, les chansons douces, la danse… tout ce qui peut
être doux et signifier :
« je t’aime, je suis heureuse
que tu sois en vie, que tu sois dans ma vie et la Vie est belle.
Je t’aime et je suis heureuse
d’être ta maman. Et toi, es-tu heureux que je sois ta maman?
Je t’aime, je suis ta maman pour
toujours et je serai toujours là pour toi, aujourd’hui, dans cette vie et
au-delà. »
Combien de fois ai-je murmuré ce
genre de paroles à mon tout-petit? Dès sa naissance.
Et les gens disaient :
« comme il est serein! Oh mais on dirait qu’il sourit! »
Et vous croyez que c’est juste
parce que je lui donnais du « lait alimentaire »?
Je pense à des amies qui « n’ont
pas pu faire autrement » que de donner du lait artificiel, mais vos biberons, c’est avec amour que vous le
donnez, pas en regardant la télé en même temps, en parlant au téléphone ou en
criant après quelqu’un. C’est en le regardant, en lui murmurant, en lui
chantonnant. Vous savez qu’il en a besoin, que ces moments sont précieux et uniques et que cela vous fait du bien. Vous signifiez à votre
bébé qu’il compte pour vous. C'est votre nourriture d'amour.
Alexandre a 15 mois. Et oui je
l’allaite encore. Et si Dieu le veut bien, j’aimerais le faire encore longtemps
et continuer à le faire sans complexe.
« C’est le lait du
petit-déjeuner! » Je lui dis le matin.
« C’est bon mon bébé, c’est le
bon petit lait? » je lui dis quand il se redresse un grand sourire aux
lèvres, tout gazouillant, après avoir téter pendant un bon temps dont je ne
regarde jamais la durée.
Non seulement c’est « son »
lait d’amour, mais en plus c’est le meilleur aliment qui existe (cf. la conférence de Carlos Gonzalez sur l’alimentation) : il est plus riche en
calorie que des pommes de terre, c’est l’aliment le plus riche en vitamine C...
Il porte des tas de défenses immunitaires que jamais un lait de vache, auquel
est ajouté plein de trucs (mais pourquoi tous ces trucs?) ne portera.
(L’affection, les regards
chaleureux, les mots d’amour booste aussi ses défenses immunitaires.)
Et de surcroit, non seulement
« je ne m’épuise pas » comme tant de personne me le demande, mais je
me ressource. En France tout particulièrement, on complexe à prendre plaisir,
on réduit de suite le plaisir à la sexualité. Les adultes rabrouent leur petits
quand ils voient qu’ils prennent plaisir, ils les coupent dans leur activité, les
parasitent. Et quand il s’agit de l’allaitement, oh ciel, comment, la mère
prend plaisir? Mais oui! La nature est bien faite, quand il y a de l’amour, le
plaisir est au rendez-vous. Je devrais me cacher parce que mon allaitement est
agréable? Parce que mon enfant me soulage le poids et la tension de mes seins,
mais aussi m’offre des câlins, des regards merveilleux, des sourires, des
rires, des pluies d’étoiles de beauté et de pureté? Mais il n’y a rien de plus
beau! Nous sommes même faits pour cela!
Et quand des pauvres mamans veulent
allaiter et souffrent le martyr parce qu’elles ont mal au sein, arrêtez de leur
dire que c’est normal. Non, ce n’est pas normal! Déjà arrêtez de leur bousiller
leur accouchement. Le lait vient avec l’amour. Et je ne joue pas du violon.
S’il faut appeler la science à l’appui, appelons-la! Quand la femme accouche et
est respectée dans cet accouchement, naturellement, un tsunami d’amour l’envahit.
En elle est libérée cette hormone merveilleuse nommée ocytocine. Cette hormone
(cf. la conférence du Dr Guéguen) est la source de la sérotonine et des
endorphines, hormone de l’humeur et du système de récompense de la personne par
le plaisir. Quand la femme est laissée tranquille avec son bébé (et c’est tout
ce dont ils ont besoin), l’ocytocine permet au lait naturellement de
venir : colostrum (les quelques gouttes de lait de la naissance adaptées
exactement à la taille de l’estomac de l’enfant_ taille d'une bille_ et si riche en tout ce dont il
a exactement besoin), puis peu à peu lait de transition, et avec la montée de
lait le lait mature. Au sujet du colostrum: on a fait pompé les seins de ma voisine dès la naissance du petit pendant 15 minutes toutes les 3 heures pour arriver à lui "faire donner du lait", lui remplir un biberon! Et cela dans une clinique nouvellement labellisée "amie des bébés"! C'est à croire que le label exclue l'amitié avec les mamans pour arriver à son but! On marche sur la tête. Du coup, elle a le bout des seins tout abîmé et n'arrive plus à donner ses seins à son petit à cause de la douleur. Bravo!
Comme il y a tant de manque
d’informations et même de mésinformations-poisons comme ce « le lait à la
base n’est qu’alimentaire » (dit avec tant d’assurance!), je vous invite à
lire (je retrouverai son nom dans quelques jours!), petit livre très clair, plein d’humour sur l’allaitement, ou le
livre très appuyé d’Ina May Gaskin, Le
Guide de l’allaitement naturel, ou de vous rapprocher de la Leche League.
La Leche League est une association avec beaucoup d’antennes. Elle
« sauve » l’allaitement de nombreux parents-bébés chaque jour. Ses
conseils sont individualisés, très nuancés, réellement pour la santé. En ce
moment à Nice, les réunions sont relayées par l’association Grandissons (« Réunion de parents allaitants »).
Je vous cite une phrase d’une
sage-femme qui me permet toujours de
faire la part des choses avec harmonie concernant mon allaitement :
« c’est son lait, mais ce sont tes seins. » Mon bébé a un droit absolu
à son lait. Mais ce sont mes seins : si j'ai mal, c’est que quelque chose
cloche.
Le peu de fois où en positionnant
mal sa bouche, Alexandre m’a un peu pincé le téton, je lui ai tout de suite dit
et il a tout de suite lâché le sein. Il lui est arrivé d’avoir besoin de téter
sans boire le lait (tétouille), alors de même, comme je commençais à être irritée,
j’ai retiré doucement mon bout de sein de sa bouche. Quand ses dents sont
apparues, il lui est arrivé une ou deux fois que ses dents par mégarde me
fassent mal. Mon cri non seulement l’a tout de suite fait lâché, mais aussi
fait pleuré. Il lui était insupportable de savoir qu’il m’avait fait mal. La
douleur pendant l’allaitement n’est pas normale.
« Il ne se détachera pas de
toi. » C’est tout le contraire. Quand il a fini de prendre ce dont il a
besoin, il se détache de lui-même. Et c’est d’ailleurs vrai pour tout : le
portage, le cododo, les bras… et non je ne le retiens pas. Il grandit, et je
m’en réjouis.
Alors tordons le cou aux publicités
mensongères et donnons nos laits d’amour . Donnons nos laits, d’amour.
NB : je n’en veux pas à ma
cousine. Elle parle avec son histoire de vie, son histoire avec l’allaitement.Mais il n'est pas possible de laisser véhiculer des idées si fausses et nuisibles. J'espère que si tu lis cet article chère cousine, tu le comprendras. Paix.