Ce Blog a été créé en premier pour ma famille et mes amis, en réponse à une demande de "liste de naissance":
- voir le tout premier article du Blog, du dimanche 17 novembre 2013
- suite à des remarques, je vous signale que les liens sont en marron, exemple dans la ligne juste au-dessus. Cliquez dessus pour voir les articles.

Ce Blog est aussi un carnet reflet de ma maternité et un lieu de mutualisation de réflexions, idées, astuces, contacts autour de Bébé, et maintenant du jeune enfant élaborés, trouvés et reçus au gré de lectures et rencontres avec de belles personnes.

On peut aussi y trouver quelques unes de mes propositions artistiques, notamment tous les rendez-vous pour écouter mes contes, les informations concernant mes publications et mes coups de cœur.

J'espère qu'il vous sera utile et/ ou que vous prendrez plaisir à le lire.


Plein d'amour.

Isabelle.

lundi 7 décembre 2015

Plaisir et frustration. 2. Plaisir

"Ça fait plaisir!" disent les québécois pour remercier, au lieu du "de rien" ou du "je vous en prie" français pour répondre poliment à "merci". Cela fait partie des expressions que j'ai aimé rapporter dans mes bagages! Voyez vous une différence? Dans un cas, on nie le service rendu, dans l'autre on le reconnaît et on dit que cela nous a été agréable. Une question de mots? Et si c'était plutôt un changement de regard?

Au Québec, tout ce que j'ai étudié allait dans le sens des études sur le développement de l'humain (études d'ailleurs provenant pour la plupart de France même_ mais pourquoi donc sur notre sol faisons-nous fi de ces découvertes?): le plaisir chez l'enfant est signe que des connexions au niveau neuronal se font. Si l'enfant prend plaisir à écouter une chanson, il souhaitera la réécouter et la réécouter encore, en boucle, il l'aime bien et du coup il l'apprend. S'il souhaite grimper sur la table, il cherchera à le faire et le refaire, même si on lui interdit car il a besoin de grimper. Le plaisir qu'il y manifeste n'est pas là pour nous narguer, mais signe que c'est un besoin chez lui, une maturité pour acquérir cette compétence. L'enfant apprend par la répétition et par le plaisir.
Je suis donc choquée quand je vois en France dans ces parcs tous ces parents et nounous qui disent à leur enfant d'arrêter quand ils manifestent de la joie, quand ils leur imposent que faire et à quel moment le faire, toutes les fois où dans le bus un adulte tente d'arrêter (ou pire y arrive) un enfant qui gazouille ou chantonne. Mais, nous sommes faits pour cela, pour être heureux: chanter, danser, jouer. C'est l'état naturel vers lequel nous aspirons. C'est si simple. nous ne sommes pas faits pour être transparent, uniforme sur un fond de gens ternes et qui font la tête. Mais pourquoi font-ils la tête? N'est ce pas justement à force qu'on leur ait cassé leur joie de vivre ainsi, dès le plus jeune âge?
Olivier Maurel, dans La Violence éducative ordinaire conclue d'ailleurs sur le fait que la perte de cette joie de vivre, de ce bonheur si simple, pur et naturel, mène à la recherche de substituts tel que la drogue, la consommation de produits ou d'articles effrénés, de médicaments (rappelons que la France est la consommatrice du plus grand taux d'anti-dépresseurs. On se demande souvent pourquoi et on allègue que les Français sont pessimistes, pourquoi? J'avance que c'est bien à cause de cette éducation répressive qui veut dresser l'homme comme un chien même ne devrait pas être dressé), de reproduction de la violence. Dans Le Concept du Continuum, Jean Liedloff en vient à dire exactement la même chose. Mais elle dépeint quant à elle comment elle a vu des êtres dans leur toute petite enfance être bien soignés et du coup être débordant de joie de vivre. En quoi consistent ces bons soins? Certes au portage, (mais attention pas à l'étouffage, les enfants sont laissés libres de se déplacer dès qu'ils le peuvent), mais aussi au cododo, à l'allaitement, à la confiance, à l'idée de se dépasser toujours soi-même et non à la concurrence... Cela n'est pas vécu comme un devoir, il n'y a aucun diktat de soi-disant spécialistes auquel obéir, mais cela est vécu naturellement.
Si tu as envie de prendre ton bébé nouveau-né contre ta peau, mais quoi de plus normal? Sentir son odeur, faire sa connaissance.
Si tu as envie de lui dire des mots d'amour en lui donnant son lait, mais fais-le! On s'en fout que ce ne soit pas du Verlaine ou du Baudelaire!
Si au moment de la soi-disante heure d'angoisse de bébé, tu as envie de danser avec lui, mais danses! Ton bébé rira!

J'aimerais aussi écrire un peu sur un sujet qui m'a récemment choqué. L'association pour la bienveillance et non-violence éducative auquel j'ai adhéré cette année a fait intervenir une dame pour parler des émotions. Cette femme a expliqué que pour ses deux premiers enfants, elle faisait taire leurs pleurs en leur bouchant la bouche de son lait ou d'une tétine. Pour le troisième, elle a découvert que lorsqu'elle le laissait pleurer, il était par la suite plus disponible et concentré. Son message dès lors durant cette (conférence?) n'a été que: "laissez pleurer vos enfants" et c'est tout. Elle a un moment évoqué que s'il y avait une aiguille, il fallait l'enlever et c'est tout.
Mais mince, c'est dingue de passer de cet extrème à un autre. Il faut comprendre les pleurs! 
Si le voyant de l'essence du tableau de bord de ta voiture se met à s'allumer et à sonner, que fais-tu? Tu le casses pour qu'il se taise et s'arrête de s'allumer? Tu le laisses continuer, jusqu'à quand? Ou tu vas faire un plein d'essence?
Ben un enfant c'est pareil (toute proportion gardée!), s'il pleure, lui boucher la bouche, ok, ça ne sert à rien, ça lui fait du mal. Mais le laisser pleurer uniquement, c'est pas terrible non plus quand même!
Il y a
- les causes physiques: a-t-il faim? soif? chaud? froid? besoin d'être changé? lavé? a-t-il des tensions? des douleurs? s'est-il cogné? est-il fatigué?
- les causes psychiques: l'a-t-on mal compris? a-t-il entendu une phrase qui l'a blessé?
- les causes affectives?  A-t-il besoin d'un câlin? d'entendre qu'on l'aime? a-t-il besoin de plus d'harmonie? de calme ou de joie de vivre autour de lui?

Si on ne passe pas en revue ces causes, alors l'enfant (et mettez vous un peu à sa place) peut pleurer longtemps, le pauvre.


Pour ma part, (désolée de donnez mon exemple, mais c'est aussi un peu un blog ici!) quand mon petit pleure et dès nouveau-né, je lui fais sentir que je suis là, je suis là pour lui: "qu'y a-t-il bébé?", je compatis " mais tu t'es cogné mon chéri", je lui ouvre les bras (il vient s'y blottir s'il en a besoin) et c'est lui qui repart quand il a eu sa dose de réconfort et de compréhension.
Mon petit déborde de joie de vivre. Non seulement, il exprime ses émotions (il n'est brimé en rien), mais il les nomme ("suis fâché", "peur"...) et il arrive à dire ses besoins: "chaud Maman", "dodo Maman". Il a 21 mois.
J'ai lu un très bon article sur Kaizen qui expliquait qu'il était bon d'entrer en connexion avec le côté droit du cerveau de l'enfant par l'expression de l'empathie, puis de basculer sur le côté gauche en nommant l'émotion et ses causes. L'intervenante de l'association en question a balayé cette remarque de la main "si ça les amuse!" Je pense qu'il est au contraire très précieux de faire cela, car l'enfant acquière alors le sentiment d'être compris, il apprend à reconnaître ce qui se passe chez lui, il a l'esprit clair, il est en confiance et il acquière le vocabulaire pour exprimer ses besoins notamment à tout adulte qui ne saurait les reconnaître.

Car bon sang, nous aspirons à cela, les voir autonome, libre de savoir s'exprimer (et pas uniquement par des pleurs!) et heureux, le sourire aux lèvres, non? Les deux à la fois!

Cela n'empêche que lorsque des choses lourdes nous pèsent sur le coeur, on puisse leur dire aussi et même en pleurant. Nous avons le droit nous aussi adulte de montrer que nous avons toujours un coeur d'enfants, vibrant de la palette de toutes les émotions. 

Et cela n'empêche pas de dire "non" quand notre enfant risque de se mettre en danger, de faire mal à quelqu'un d'autre ou d'endommager quelque chose. Mais gentiment, posément, plus fermement si nécessaire en élevant un peu le ton. Car nous sommes aussi leur guide dans ce monde. Mais guidons-les vers la confiance, la bonté, l'humour et l'amour en leur montrant l'exemple et non uniquement vers la bienséance.

Allez hop, je vous raconte une petite anecdote bien dans notre thème. Alexandre hier me demande du "chocolat". Je vais vers lui et lui dis comme pour le surprendre "chocolat!" très vite. Il se met à éclater de rire, alors je recommence, rebolotte éclat de rire. Croyez moi si vous voulez, j'ai du le faire une cinquantaine de fois. Il s'en tenait les côtes. Et bien après, il ne pensait même plus à son chocolat, il est parti vers ses livres le sourire aux lèvres. Des petits coeurs se dessinaient dans l'air.

Soyons clown pour nos enfants svp, chaque jour!  
Clown gai, clown triste.
Et puis tant qu'à faire, pour nous-mêmes aussi! 
Zhiboux.




dimanche 15 novembre 2015

Quatre bougies hier soir


Mon enfant dit : « c'est joli » en voyant ces quatre bougies que j'ai allumées devant lui hier soir. Dans son innocence, il ne sait pas que je les ai allumées en pensant à tous les enfants.
Ces enfants qui ne verront peut-être plus leur papa ou leur maman.
Ces enfants qui ont peur en voyant des images qu'ils ne devraient pas voir.
Ces enfants à qui l'on impose un deuil, pour qui ? Pour quoi ?
Ces enfants aussi noyés dans les mers des oublis, des petites négligences, qui n'en sont pas.

Ces enfants aussi qu'ont été ces victimes.
Ces enfants également qu'ont été ces bourreaux.

Ces bourreaux, si jeunes, presqu'encore des enfants. Ces bourreaux qui dans le fond ne sont que cela, des coeurs de pierre enfermant des vallées de larmes et d'incompréhensions enfantines.
Car tandis que je découvre le fil de l'actualité sur le Net hier en début d'après-midi, suite à un sms d'un ami qui me met la puce à l'oreille (il sait que je n'ai pas de télévision), tous les propos que j'ai découvert l'an dernier d'Alice Miller, d'Olivier Maurel, du Dr Guéguen me reviennent :
Le petit enfant ne demande qu'à explorer, apprendre et s'émerveiller. Quand on accole des mauvaises intentions à ces expérimentations toutes simples, pures et dénuées de la moindre intentions, quand on réprimande et attribue toujours et toujours de la méchanceté à ces coeurs sacrées, on distille le trouble, la détresse, la panique, l'enfermement. Quelle différence entre les yeux vifs du petit enfant qui est compris, de vraies petites étoiles d'intelligence, et les yeux ternes de l'enfant qui ne subit qu'incompréhensions et mécompréhensions ! Ce petit être-ci peu à peu se met à coller à ce à quoi on veut le coller. Et d'ailleurs comment cela pourrait-il autrement, quand on lui colle humiliations, cris, injures, fessées et autres réprimandes (répressions?) physiques et mentales ? Peu à peu il devient violent et violence, et l'on entend : « c'est normal, c'est la nature humaine ! », « c'est normal, c'est sa religion ! »
Si l'enfant rencontre empathie, la partie frontale qui le distingue des grands singes se développe. Si ce n'est pas le cas (« bien fait ! », « tu l'as cherché ! », « tu veux avoir réellement mal ? »), cette partie non seulement peut stagner dans son évolution normale, mais régresser. Ces petites personnes n'éprouvent alors à leur tour pas d'empathie, elles ne le peuvent pas, cette partie de leur cerveau qui leur permettrait est atteinte. Elles sont sujettes alors à reproduire toute maltraitance, cruauté et barbarie, à obéir à tout ordre les soumettant dans ces directions. Mais n'oublions pas non plus ce que les études des sciences sociales et affectives révèlent : la résilience est toujours possible, le cerveau est en constante évolution, jusque tard, dans la vieillesse.
Il s'agit donc certes de se protéger, mais aussi d'écouter, de comprendre, de savoir prendre dans les bras, d'accueillir les colères, les détresses, les peines et les peurs niées, d'entendre les pardons, de pardonner et de continuer à vivre. Et ceci pour tous les enfants, ceux de 0 à 18 ans et tous ceux qui sont dans le coeur de chacun.

Je vous en prie...

jeudi 12 novembre 2015

Combien en relisant certains de mes articles, je vois que j'ai tant besoin de compassion, compassion, compassion!
La colère s'invite si souvent dans mes écrits...
Le chemin n'est pas aisé.

Ne t'inquiète pas Marie

Voici un texte (mis récemment en chanson) de Sainte Thérèse de Lisieux. C'est comme la voix de Dieu qui rassure Marie. Ce texte en ce moment me parle beaucoup. Je vous dis pourquoi après:

"Ne t'inquiète pas Marie
De l'ouvrage de chaque jour
Car ton travail en cette vie
Doit être uniquement l'amour

Je veux que sur ton front rayonnent
La douceur et la pureté
Mais la vertu que je te donne, surtout,
C'est la simplicité

Il faudra qu'oubliant tes peines
Pour réjouir l'aimable enfant
Tu bénisses tes douces chaînes
Et que tu chantes doucement

Mais si quelqu'un vient à redire
Que tes oeuvres ne se voient pas
"J'aime beaucoup" pourras-tu dire
"Voilà ma richesse ici-bas"



Quand je vois le temps que j'ai passé à mettre le pyjama à mon fils ce soir, écouter ce poème me fait du bien. Il joue, il court au bout du lit, rit, tend un pied, puis l'autre, rit, s'enfuit, enfile une main, l'autre, se plaint que le pyjama ne lui va pas, je lui enlève, en cherche un autre, il se remet à jouer, rire, toucher mon nez, fait enfiler le pyjama à son panda... j'abandonne, lui donne à dîner en body et quand il finit par s'endormir sur le lit, je le lui mets, ce fameux pyjama! Pas de larmes, pas de cris, tant de rires! Ce que j'ai fait ce soir, aux yeux de la plupart des gens: rien, mais quand j'entends ce poème, résonnent les mots "j'aime beaucoup, voilà ma richesse ici bas" (avec la merveilleuse vocalise de Sonia Lacen.)
Depuis ma grossesse, mon penchant à la contemplation s'est accentué. Je n'ai envie de rien forcer. Si je dois parfois le faire, je le fais avec le sourire, mais avec beaucoup de peine dans le coeur. Mon chéri, quand je dois t'arracher d'un jeu que tu aimes bien pour le rendre à son propriétaire qui le réclame et dont tu refuses de t'en départir, j'essaie de le faire avec légèreté, mais oh que je te comprends!
J'aimerais qu'il n'y ait qu'harmonie, pas de contraintes. Pourtant les jours défilent, avec leurs contraintes intrinsèques.
Quand je vois tes sourires et entends tes éclats de rires, je remercie de pouvoir t"aimer beaucoup".

jeudi 9 juillet 2015

Plaisir et frustration. 1. Frustration



Coucou,

Ce soir, j’aimerais parler de quelque chose d’autre qui me tient à cœur : le plaisir et la frustration, en commençant par la frustration dans cet article-ci.
Souvent quand on emploie ces deux termes, on pense tout de suite au plaisir et à la frustration sexuelle (déformation française freudienne). Mais j’aimerais parler du plaisir et de la frustration en général, bien plus largement que la sexualité. Et comme dans ce Blog, je parle des enfants, j’aimerais en parler pour eux.
En France, il semble de bon ton pour bien des éducateurs de dire qu’il faut « habituer les enfants à la frustration ».  Ça me fait loucher! Je devrais contrarier exprès mon enfant ou lui dire « c’est pour t’habituer à être frustré » pour son bien? C’est quoi cette histoire? La première fois que j’ai entendu un éducateur parler de la sorte, j’étais stagiaire, j’avais vingt ans et c’était une instit. Elle me faisait tout un discours sur le fait que pour « habituer les enfants à la frustration », il fallait qu’ils prennent un des cinq colliers autour du cou pour monter à la mezzanine. Pourquoi cette dame ne disait pas plutôt que la mezzanine ne supportait pas plus de cinq enfants et que pour permettre aux enfants de savoir s’il y avait encore de la place pour eux, elle avait trouvé cette astuce, entre nous, vraiment chouette? Elle devait se demander si j’avais toutes mes facultés de raisonnement, parce que je dus lui dire deux ou trois « pardon? », « comment ça? » pour la faire répéter. Mais elle parlait toujours de cette fameuse frustration, et rien à faire, je n’arrivais pas à comprendre.
L’autre jour, je vais dans un centre pour parents-enfants que je ne nommerai pas pour voir si je peux faire une séance de musique d’essai pour Alexandre et moi. La directrice, qui paraissait fort charmante, a passé dix bonnes minutes, à m’expliquer qu’elle « faisait pleurer les bébés » au moment de changer d’un instrument à un autre, « pour les habituer à la frustration ». J’ai tenté d’éviter de loucher (euh non ce n’est pourtant pas un tic chez moi!). J’ai écouté sagement. J’ai remercié. Et je me suis promis de ne pas remettre les pieds dans ce lieu!
Je vais vous dire franchement ce que je pense et pour cela, je vous raconte encore quelque chose: quand un petit naît, il pousse un cri. C’est « mignon » m’a dit une nana l’autre jour. Einh? Mignon? Mais ne sait-elle pas que cela correspond à de la douleur? Les alvéoles des poumons s’ouvrent pour la première fois, remplies d’air et c’est douloureux pour le bébé. C’est pour ça (et pour tant d’autres raisons) que nos bébés ont tellement besoin d’être contre nous tout de suite. Ils ont besoin de réconfort, de bienvenus, de joie, de larmes, de bonheur. Ils ont fait un boulot phénoménal à essayer de sortir (et quand on les a, pardonnez-moi, emmerdé, en les tirant, déformant, maltraitant (je pense notamment aux forceps), mille fois plus), alors tout ce dont ils ont besoin quand ils y ont enfin réussi (ou quand ils sont enfin de l’autre côté), c’est d’entendre, de ressentir des « bravos » (ou des « pardons »). Pas de « oh mais c’est mignon qu’il crie, laisse le crier, il a de bons poumons, oh et puis si on lui faisait une petite toilette, et si on le mesurait, le pesait et lui faisait encore plein d’expériences dessus? » Bande de sadiques!
Et quand mon enfant pleure parce qu’il a faim, parce qu’il crève d’envie d’avoir un câlin, d’être tout contre moi, je devrais le laisser pleurer « pour lui apprendre à être frustré »? Et c’est moi qui suis sensée être folle? Merde, mais bien sûr que je lui donne à boire, à manger, un câlin tout de suite, et pas trois heures plus tard ou jamais!
Après quand je lui donne à boire, à manger, un câlin…, je pose toujours des mots : « tu veux téter mon bébé! » (ça marche aussi pour le bib, foi d’auxiliaire_ sans le « mon bébé »), « Oh mais tu as faim mon bébé! », « Tu veux un câlin! » Vers les huit mois d’Alexandre, j’ai pris des cours d’initiation à la langue des signes pour bébé (pour cela je vous conseille, amis de la région, Floriance Zitouni, association Maternaitre). Dès que j’ai pu, soit dès que j’ai vu qu’Alexandre avait faim, soif, besoin d’un câlin…, je lui demandais en signant : « tu as soif? », « tu as faim mon bébé? », « tu as besoin d’un câlin? » et Alexandre soit a peu à peu fait le signe pour confirmer en essayant de dire « soif », « tétée », « de l’eau », « gâteau » (ce qui veut dire pour lui aussi « galette de riz » et « j’ai faim » ;)), « doudou », soit a appris à dire « oui » ou « non », avec un « oui » et un « non » très franc. S’il pousse un cri pour exprimer un besoin que je devine, je lui dis de suite : « on dit : «  de l’eau Maman s’il te plaît » » et je signe les trois mots. « on dit « merci Maman » ». Ce qui donne qu’à l’heure actuelle, Alexandre dit « merci », « s’il te plaît », « pardon » à bon escient et très souvent sans même que je lui dise «  on dit « pardon quand on rote mon bébé, c’est la politesse. » (par exemple!)
Je réponds donc aux besoins de mon petit, je les prends au sérieux, mais je ne devance pas leur expression.
Car dans le fond, cette formulation "d'habituer à la frustration », quand j’essaie de la comprendre, n’est ce pas pour les gens aimant leurs enfants la peur des fameux « caprices »,  que l’enfant ne sache ni patienter, attendre, ni se contrôler un jour?
Mais mettre les mots, simples et justes, j’en suis intimement convaincue, avec politesse, gentillesse (oui tout ça!), aide l’enfant à « civiliser » ses besoins. Il apprend ainsi à les reconnaître et à les exprimer clairement, avec clarté pour les autres, mais aussi pour lui.

Au sujet des nouveaux-nés:
On a prouvé scientifiquement (électrodes à l'appui) qu'un nouveau-né quand il pleure est dans le même état de panique qu'un adulte pris dans un incendie. Souhaitez-vous donc toujours le laisser pleurer? Plus on répond tôt aux besoins d'un nouveau-né, plus il sera serein et apte à exprimer ses besoins de plus en plus clairement et calmement, car sûr d'être entendu et compris. Tout bébé commence toujours par de petits mouvements, petits sons, puis plus grands sons et enfin cris si on ne répond toujours pas à ses besoins. Si on attend qu'il crie, pleure ou hurle, il comprend qu'il n'y a que ce moyen pour être entendu et par la suite criera d'emblée. 


Après, vous, est-ce que vous aimez attendre quand vous crevez de soif? N’êtes-vous pas irascibles quand vous avez la dalle? Ne devenez-vous pas un peu barge quand vous n’avez pas de signe d’affection et de considération de votre entourage (moi si!)? Alors imaginez a fortiori combien cela est source de souffrance et de confusion pour un tout petit! Non seulement le tout petit est comme nous, mais il est en train de se former. Alors donnons-lui le meilleur et pas 30 ans plus tard! 
Et n’allons pas le contrarier exprès tout de même! La vie offre assez de douleurs, souffrances, chagrins, malheurs de fait, sans qu’en plus on en rajoute, vous ne croyez pas? C’est en aidant nos petits à grandir en répondant du mieux possible à leurs besoins que nous les aidons à devenir des personnes à l’aise dans leur peau et fortes, capables de faire face à tous ces éléments de la vie. Pas en les faisant pleurer.
Et plus ils auront un "capital bonheur", plus cela sera aisé.

Mais la suite au prochain article: sur le plaisir.

dimanche 7 juin 2015

Notre lait d'amour



J’entends ma cousine dire : « Le lait à la base c’est juste alimentaire, autrement on prend l’enfant pour un jouet. »
Comment peut-on parler comme ça? Ça me choque, c’est tellement faux.
Depuis l’expérience de John Bowlby et de ses pauvres petits singes, on sait très bien que l’amour est plus important que le lait et que la prise de lait est prise d’amour en même temps. Je rappelle cette expérience : on a séparé ces petits singes de leur maman et on leur proposait une mère en fer (barbelés? Je ne sais plus) avec un système avec du lait où le petit pouvait boire et une mère à l’opposé de la cage en matériel tout doux tout chaud. Le petit préférait se blottir contre la seconde, quitte à se laisser mourir de faim.
Non seulement ce n’est pas jouer avec l’enfant que de lui offrir tout notre amour en l’allaitant, mais c’est un besoin vital, essentiel. Maria Montessori rappelle dans L’Enfant et sa famille, que « l’homme ne se nourrit pas que de pain. » Mais en fait tout être vit de nourriture d’amour.
Après il existe des femmes qui ne répondent aux demandes de leur enfant qu’en voulant les faire téter. Mais l’allaitement n’est pas la seule réponse d’amour (sinon le bout des seins est très vite irrité et l'humeur aussi...) Le contact contre soi, les bercements, les gestes tendres, les chansons douces, la danse… tout ce qui peut être doux et signifier :
«  je t’aime, je suis heureuse que tu sois en vie, que tu sois dans ma vie et la Vie est belle.
Je t’aime et je suis heureuse d’être ta maman. Et toi, es-tu heureux que je sois ta maman?
Je t’aime, je suis ta maman pour toujours et je serai toujours là pour toi, aujourd’hui, dans cette vie et au-delà. »
Combien de fois ai-je murmuré ce genre de paroles à mon tout-petit? Dès sa naissance.
Et les gens disaient : « comme il est serein! Oh mais on dirait qu’il sourit! »
Et vous croyez que c’est juste parce que je lui donnais du « lait alimentaire »?

Je pense à des amies qui « n’ont pas pu faire autrement » que de donner du lait artificiel, mais vos biberons, c’est avec amour que vous le donnez, pas en regardant la télé en même temps, en parlant au téléphone ou en criant après quelqu’un. C’est en le regardant, en lui murmurant, en lui chantonnant. Vous savez qu’il en a besoin, que ces moments sont précieux et uniques et que cela vous fait du bien. Vous signifiez à votre bébé qu’il compte pour vous. C'est votre nourriture d'amour.

Alexandre a 15 mois. Et oui je l’allaite encore. Et si Dieu le veut bien, j’aimerais le faire encore longtemps et continuer à le faire sans complexe.
« C’est le lait du petit-déjeuner! » Je lui dis le matin.
« C’est bon mon bébé, c’est le bon petit lait? » je lui dis quand il se redresse un grand sourire aux lèvres, tout gazouillant, après avoir téter pendant un bon temps dont je ne regarde jamais la durée.
Non seulement c’est « son » lait d’amour, mais en plus c’est le meilleur aliment qui existe (cf. la conférence de Carlos Gonzalez sur l’alimentation) : il est plus riche en calorie que des pommes de terre, c’est l’aliment le plus riche en vitamine C... Il porte des tas de défenses immunitaires que jamais un lait de vache, auquel est ajouté plein de trucs (mais pourquoi tous ces trucs?) ne portera.
(L’affection, les regards chaleureux, les mots d’amour booste aussi ses défenses immunitaires.)

Et de surcroit, non seulement « je ne m’épuise pas » comme tant de personne me le demande, mais je me ressource. En France tout particulièrement, on complexe à prendre plaisir, on réduit de suite le plaisir à la sexualité. Les adultes rabrouent leur petits quand ils voient qu’ils prennent plaisir, ils les coupent dans leur activité, les parasitent. Et quand il s’agit de l’allaitement, oh ciel, comment, la mère prend plaisir? Mais oui! La nature est bien faite, quand il y a de l’amour, le plaisir est au rendez-vous. Je devrais me cacher parce que mon allaitement est agréable? Parce que mon enfant me soulage le poids et la tension de mes seins, mais aussi m’offre des câlins, des regards merveilleux, des sourires, des rires, des pluies d’étoiles de beauté et de pureté? Mais il n’y a rien de plus beau! Nous sommes même faits pour cela!

Et quand des pauvres mamans veulent allaiter et souffrent le martyr parce qu’elles ont mal au sein, arrêtez de leur dire que c’est normal. Non, ce n’est pas normal! Déjà arrêtez de leur bousiller leur accouchement. Le lait vient avec l’amour. Et je ne joue pas du violon. S’il faut appeler la science à l’appui, appelons-la! Quand la femme accouche et est respectée dans cet accouchement, naturellement, un tsunami d’amour l’envahit. En elle est libérée cette hormone merveilleuse nommée ocytocine. Cette hormone (cf. la conférence du Dr Guéguen) est la source de la sérotonine et des endorphines, hormone de l’humeur et du système de récompense de la personne par le plaisir. Quand la femme est laissée tranquille avec son bébé (et c’est tout ce dont ils ont besoin), l’ocytocine permet au lait naturellement de venir : colostrum (les quelques gouttes de lait de la naissance adaptées exactement à la taille de l’estomac de l’enfant_ taille d'une bille_ et si riche en tout ce dont il a exactement besoin), puis peu à peu lait de transition, et avec la montée de lait le lait mature. Au sujet du colostrum: on a fait pompé les seins de ma voisine dès la naissance du petit pendant 15 minutes toutes les 3 heures pour arriver à lui "faire donner du lait", lui remplir un biberon! Et cela dans une clinique nouvellement labellisée "amie des bébés"! C'est à croire que le label exclue l'amitié avec les mamans pour arriver à son but! On marche sur la tête. Du coup, elle a le bout des seins tout abîmé et n'arrive plus à donner ses seins à son petit à cause de la douleur. Bravo!

Comme il y a tant de manque d’informations et même de mésinformations-poisons comme ce « le lait à la base n’est qu’alimentaire » (dit avec tant d’assurance!), je vous invite à lire (je retrouverai son nom dans quelques jours!), petit livre très clair, plein d’humour sur l’allaitement, ou le livre très appuyé d’Ina May Gaskin, Le Guide de l’allaitement naturel, ou de vous rapprocher de la Leche League. La Leche League est une association avec beaucoup d’antennes. Elle « sauve » l’allaitement de nombreux parents-bébés chaque jour. Ses conseils sont individualisés, très nuancés, réellement pour la santé. En ce moment à Nice, les réunions sont relayées par l’association Grandissons (« Réunion de parents allaitants »).

Je vous cite une phrase d’une sage-femme qui  me permet toujours de faire la part des choses avec harmonie concernant mon allaitement : « c’est son lait, mais ce sont tes seins. » Mon bébé a un droit absolu à son lait. Mais ce sont mes seins : si j'ai mal, c’est que quelque chose cloche.
Le peu de fois où en positionnant mal sa bouche, Alexandre m’a un peu pincé le téton, je lui ai tout de suite dit et il a tout de suite lâché le sein. Il lui est arrivé d’avoir besoin de téter sans boire le lait (tétouille), alors de même, comme je commençais à être irritée, j’ai retiré doucement mon bout de sein de sa bouche. Quand ses dents sont apparues, il lui est arrivé une ou deux fois que ses dents par mégarde me fassent mal. Mon cri non seulement l’a tout de suite fait lâché, mais aussi fait pleuré. Il lui était insupportable de savoir qu’il m’avait fait mal. La douleur pendant l’allaitement n’est pas normale.

« Il ne se détachera pas de toi. » C’est tout le contraire. Quand il a fini de prendre ce dont il a besoin, il se détache de lui-même. Et c’est d’ailleurs vrai pour tout : le portage, le cododo, les bras… et non je ne le retiens pas. Il grandit, et je m’en réjouis.

Alors tordons le cou aux publicités mensongères et donnons nos laits d’amour . Donnons nos laits, d’amour.

NB : je n’en veux pas à ma cousine. Elle parle avec son histoire de vie, son histoire avec l’allaitement.Mais il n'est pas possible de laisser véhiculer des idées si fausses et nuisibles. J'espère que si tu lis cet article chère cousine, tu le comprendras. Paix.

samedi 6 juin 2015

La Source des femmes

A vous mes amies soeurs et mes amis frères,
de toute religion, de tout horizon.

J'écoute encore la bande sonore si belle, de ce film que je viens de regarder:

plein de courage, d'amour.
"La source des femmes, c'est l'amour."
La poésie coule à flots dans les mots de ces femmes, même quand elles rient, même quand elles désirent, même quand elles sont dans la peine. Les mille et unes nuits les appellent. Elles savent lire le Coran avec amour et paix.

En compétition au festival de Cannes 2011, ce film est superbe. Tant de luttes abreuvent le fil du récit de ce "conte".

Aujourd'hui, je suis allée frapper à la porte d'une voisine qui vient d'accoucher. J'avais lu dans son regard il y a quelques jours qu'elle avait besoin d'une aide. Parle mon amie, parle ma soeur! Nous devons oser dire les violences que nous subissons nous femmes. C'est une honte, un scandale: payer, cher, très cher, pour avoir un accouchement " en sécurité", dans "une belle clinique", et se faire maltraitée et torturée de la sorte.
Mais la Vie est là. Un enfant innocent, qui ne demande que tendresse est venu s'incarner. Que ton corps, ton âme, ton esprit guérissent! Que ton cœur fleurisse de tes blessures et tes colères! Nous ne devons pas nous taire. Nous ne sommes pas folles. La Vie mérite respect, patience, joie. Ton petit garçon mérite de devenir un homme de respect, patience et joie. Qu'il soit béni!

Et que ce film soit connu pour abreuver nos forces!

samedi 23 mai 2015

Front de mères



Hier soir, le CCAD, le Collectif de Défense de l'Accouchement à Domicile, auquel j’ai adhéré, organisait la venue de l’auteure Frédérique Horowitz, au Court-Circuit Café, au sujet de la sortie de son livre Fronts de mère.
 
Je ne savais pas si je viendrai : cela serait il adapté aussi pour mon petitou. Parler de nouveau d’accouchement, n’est-ce pas dur pour les petits? Il avait bien dormi l’après-midi et nous n’étions pas sortis, alors voir du monde, au premier étage du Court-Circuit Café qu’il commence à bien connaître, était un régal pour lui. Un vrai petit poisson dans l’eau.

Je ne savais pas qu’il m’était encore si difficile d’évoquer mon accouchement. Tant d’émotions. Il a été si extraordinaire. L’écriture se presse en moi.

Cette soirée a été très nourrissante pour nous, pas de bouffe, mais de nourriture vraiment de qualité sur tous les plans :
-   Nourriture de l’écoute. Nous, femmes, mères avec ou sans nos petitou, avec ou sans nos chaussures, au sol, à écouter Frédériqie dans son fauteuil, nous parler de son parcours, de ses accompagnements, de ses réflexions guidées par une sagesse acquise au fil des expériences.Merci. J'avais l'impression d'être dans Rêve de femmes: au cœur de la sororité.
-    Nourriture de présence. Femmes, mères, riches de nos choix, de nos positionnements, de nos lumières. La présence de Laurence, notamment, sage-femme à domicile, était un vrai cadeau.
-    Nourriture d’hummous, de salade de riz fine, de toasts à la tomate, de tartelettes à la confiture délicieuse, réalisée par le Court Circuit Café, que Petitou a aussi adoré.
-     Nourriture des échanges, des nouveaux contacts échangés, des nouvelles idées, des propositions.
Je suis heureuse d’être venue.


La conscience

Je retiens notamment une parole de Frédérique :
"On ne peut forcer quiconque à prendre conscience de quelque chose s’il n’en est pas prêt. Cela lui ferait du mal."
Quand je sais des choses, j’ai envie que tout le monde le sache. Je n’avais jamais pensé que ces savoirs pouvaient faire du mal à ceux qui ne sont pas prêts à les accueillir. 
Pardon.