Ce Blog a été créé en premier pour ma famille et mes amis, en réponse à une demande de "liste de naissance":
- voir le tout premier article du Blog, du dimanche 17 novembre 2013
- suite à des remarques, je vous signale que les liens sont en marron, exemple dans la ligne juste au-dessus. Cliquez dessus pour voir les articles.

Ce Blog est aussi un carnet reflet de ma maternité et un lieu de mutualisation de réflexions, idées, astuces, contacts autour de Bébé, et maintenant du jeune enfant élaborés, trouvés et reçus au gré de lectures et rencontres avec de belles personnes.

On peut aussi y trouver quelques unes de mes propositions artistiques, notamment tous les rendez-vous pour écouter mes contes, les informations concernant mes publications et mes coups de cœur.

J'espère qu'il vous sera utile et/ ou que vous prendrez plaisir à le lire.


Plein d'amour.

Isabelle.

lundi 7 décembre 2015

Plaisir et frustration. 2. Plaisir

"Ça fait plaisir!" disent les québécois pour remercier, au lieu du "de rien" ou du "je vous en prie" français pour répondre poliment à "merci". Cela fait partie des expressions que j'ai aimé rapporter dans mes bagages! Voyez vous une différence? Dans un cas, on nie le service rendu, dans l'autre on le reconnaît et on dit que cela nous a été agréable. Une question de mots? Et si c'était plutôt un changement de regard?

Au Québec, tout ce que j'ai étudié allait dans le sens des études sur le développement de l'humain (études d'ailleurs provenant pour la plupart de France même_ mais pourquoi donc sur notre sol faisons-nous fi de ces découvertes?): le plaisir chez l'enfant est signe que des connexions au niveau neuronal se font. Si l'enfant prend plaisir à écouter une chanson, il souhaitera la réécouter et la réécouter encore, en boucle, il l'aime bien et du coup il l'apprend. S'il souhaite grimper sur la table, il cherchera à le faire et le refaire, même si on lui interdit car il a besoin de grimper. Le plaisir qu'il y manifeste n'est pas là pour nous narguer, mais signe que c'est un besoin chez lui, une maturité pour acquérir cette compétence. L'enfant apprend par la répétition et par le plaisir.
Je suis donc choquée quand je vois en France dans ces parcs tous ces parents et nounous qui disent à leur enfant d'arrêter quand ils manifestent de la joie, quand ils leur imposent que faire et à quel moment le faire, toutes les fois où dans le bus un adulte tente d'arrêter (ou pire y arrive) un enfant qui gazouille ou chantonne. Mais, nous sommes faits pour cela, pour être heureux: chanter, danser, jouer. C'est l'état naturel vers lequel nous aspirons. C'est si simple. nous ne sommes pas faits pour être transparent, uniforme sur un fond de gens ternes et qui font la tête. Mais pourquoi font-ils la tête? N'est ce pas justement à force qu'on leur ait cassé leur joie de vivre ainsi, dès le plus jeune âge?
Olivier Maurel, dans La Violence éducative ordinaire conclue d'ailleurs sur le fait que la perte de cette joie de vivre, de ce bonheur si simple, pur et naturel, mène à la recherche de substituts tel que la drogue, la consommation de produits ou d'articles effrénés, de médicaments (rappelons que la France est la consommatrice du plus grand taux d'anti-dépresseurs. On se demande souvent pourquoi et on allègue que les Français sont pessimistes, pourquoi? J'avance que c'est bien à cause de cette éducation répressive qui veut dresser l'homme comme un chien même ne devrait pas être dressé), de reproduction de la violence. Dans Le Concept du Continuum, Jean Liedloff en vient à dire exactement la même chose. Mais elle dépeint quant à elle comment elle a vu des êtres dans leur toute petite enfance être bien soignés et du coup être débordant de joie de vivre. En quoi consistent ces bons soins? Certes au portage, (mais attention pas à l'étouffage, les enfants sont laissés libres de se déplacer dès qu'ils le peuvent), mais aussi au cododo, à l'allaitement, à la confiance, à l'idée de se dépasser toujours soi-même et non à la concurrence... Cela n'est pas vécu comme un devoir, il n'y a aucun diktat de soi-disant spécialistes auquel obéir, mais cela est vécu naturellement.
Si tu as envie de prendre ton bébé nouveau-né contre ta peau, mais quoi de plus normal? Sentir son odeur, faire sa connaissance.
Si tu as envie de lui dire des mots d'amour en lui donnant son lait, mais fais-le! On s'en fout que ce ne soit pas du Verlaine ou du Baudelaire!
Si au moment de la soi-disante heure d'angoisse de bébé, tu as envie de danser avec lui, mais danses! Ton bébé rira!

J'aimerais aussi écrire un peu sur un sujet qui m'a récemment choqué. L'association pour la bienveillance et non-violence éducative auquel j'ai adhéré cette année a fait intervenir une dame pour parler des émotions. Cette femme a expliqué que pour ses deux premiers enfants, elle faisait taire leurs pleurs en leur bouchant la bouche de son lait ou d'une tétine. Pour le troisième, elle a découvert que lorsqu'elle le laissait pleurer, il était par la suite plus disponible et concentré. Son message dès lors durant cette (conférence?) n'a été que: "laissez pleurer vos enfants" et c'est tout. Elle a un moment évoqué que s'il y avait une aiguille, il fallait l'enlever et c'est tout.
Mais mince, c'est dingue de passer de cet extrème à un autre. Il faut comprendre les pleurs! 
Si le voyant de l'essence du tableau de bord de ta voiture se met à s'allumer et à sonner, que fais-tu? Tu le casses pour qu'il se taise et s'arrête de s'allumer? Tu le laisses continuer, jusqu'à quand? Ou tu vas faire un plein d'essence?
Ben un enfant c'est pareil (toute proportion gardée!), s'il pleure, lui boucher la bouche, ok, ça ne sert à rien, ça lui fait du mal. Mais le laisser pleurer uniquement, c'est pas terrible non plus quand même!
Il y a
- les causes physiques: a-t-il faim? soif? chaud? froid? besoin d'être changé? lavé? a-t-il des tensions? des douleurs? s'est-il cogné? est-il fatigué?
- les causes psychiques: l'a-t-on mal compris? a-t-il entendu une phrase qui l'a blessé?
- les causes affectives?  A-t-il besoin d'un câlin? d'entendre qu'on l'aime? a-t-il besoin de plus d'harmonie? de calme ou de joie de vivre autour de lui?

Si on ne passe pas en revue ces causes, alors l'enfant (et mettez vous un peu à sa place) peut pleurer longtemps, le pauvre.


Pour ma part, (désolée de donnez mon exemple, mais c'est aussi un peu un blog ici!) quand mon petit pleure et dès nouveau-né, je lui fais sentir que je suis là, je suis là pour lui: "qu'y a-t-il bébé?", je compatis " mais tu t'es cogné mon chéri", je lui ouvre les bras (il vient s'y blottir s'il en a besoin) et c'est lui qui repart quand il a eu sa dose de réconfort et de compréhension.
Mon petit déborde de joie de vivre. Non seulement, il exprime ses émotions (il n'est brimé en rien), mais il les nomme ("suis fâché", "peur"...) et il arrive à dire ses besoins: "chaud Maman", "dodo Maman". Il a 21 mois.
J'ai lu un très bon article sur Kaizen qui expliquait qu'il était bon d'entrer en connexion avec le côté droit du cerveau de l'enfant par l'expression de l'empathie, puis de basculer sur le côté gauche en nommant l'émotion et ses causes. L'intervenante de l'association en question a balayé cette remarque de la main "si ça les amuse!" Je pense qu'il est au contraire très précieux de faire cela, car l'enfant acquière alors le sentiment d'être compris, il apprend à reconnaître ce qui se passe chez lui, il a l'esprit clair, il est en confiance et il acquière le vocabulaire pour exprimer ses besoins notamment à tout adulte qui ne saurait les reconnaître.

Car bon sang, nous aspirons à cela, les voir autonome, libre de savoir s'exprimer (et pas uniquement par des pleurs!) et heureux, le sourire aux lèvres, non? Les deux à la fois!

Cela n'empêche que lorsque des choses lourdes nous pèsent sur le coeur, on puisse leur dire aussi et même en pleurant. Nous avons le droit nous aussi adulte de montrer que nous avons toujours un coeur d'enfants, vibrant de la palette de toutes les émotions. 

Et cela n'empêche pas de dire "non" quand notre enfant risque de se mettre en danger, de faire mal à quelqu'un d'autre ou d'endommager quelque chose. Mais gentiment, posément, plus fermement si nécessaire en élevant un peu le ton. Car nous sommes aussi leur guide dans ce monde. Mais guidons-les vers la confiance, la bonté, l'humour et l'amour en leur montrant l'exemple et non uniquement vers la bienséance.

Allez hop, je vous raconte une petite anecdote bien dans notre thème. Alexandre hier me demande du "chocolat". Je vais vers lui et lui dis comme pour le surprendre "chocolat!" très vite. Il se met à éclater de rire, alors je recommence, rebolotte éclat de rire. Croyez moi si vous voulez, j'ai du le faire une cinquantaine de fois. Il s'en tenait les côtes. Et bien après, il ne pensait même plus à son chocolat, il est parti vers ses livres le sourire aux lèvres. Des petits coeurs se dessinaient dans l'air.

Soyons clown pour nos enfants svp, chaque jour!  
Clown gai, clown triste.
Et puis tant qu'à faire, pour nous-mêmes aussi! 
Zhiboux.