Ce Blog a été créé en premier pour ma famille et mes amis, en réponse à une demande de "liste de naissance":
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Ce Blog est aussi un carnet reflet de ma maternité et un lieu de mutualisation de réflexions, idées, astuces, contacts autour de Bébé, et maintenant du jeune enfant élaborés, trouvés et reçus au gré de lectures et rencontres avec de belles personnes.

On peut aussi y trouver quelques unes de mes propositions artistiques, notamment tous les rendez-vous pour écouter mes contes, les informations concernant mes publications et mes coups de cœur.

J'espère qu'il vous sera utile et/ ou que vous prendrez plaisir à le lire.


Plein d'amour.

Isabelle.

jeudi 9 juillet 2015

Plaisir et frustration. 1. Frustration



Coucou,

Ce soir, j’aimerais parler de quelque chose d’autre qui me tient à cœur : le plaisir et la frustration, en commençant par la frustration dans cet article-ci.
Souvent quand on emploie ces deux termes, on pense tout de suite au plaisir et à la frustration sexuelle (déformation française freudienne). Mais j’aimerais parler du plaisir et de la frustration en général, bien plus largement que la sexualité. Et comme dans ce Blog, je parle des enfants, j’aimerais en parler pour eux.
En France, il semble de bon ton pour bien des éducateurs de dire qu’il faut « habituer les enfants à la frustration ».  Ça me fait loucher! Je devrais contrarier exprès mon enfant ou lui dire « c’est pour t’habituer à être frustré » pour son bien? C’est quoi cette histoire? La première fois que j’ai entendu un éducateur parler de la sorte, j’étais stagiaire, j’avais vingt ans et c’était une instit. Elle me faisait tout un discours sur le fait que pour « habituer les enfants à la frustration », il fallait qu’ils prennent un des cinq colliers autour du cou pour monter à la mezzanine. Pourquoi cette dame ne disait pas plutôt que la mezzanine ne supportait pas plus de cinq enfants et que pour permettre aux enfants de savoir s’il y avait encore de la place pour eux, elle avait trouvé cette astuce, entre nous, vraiment chouette? Elle devait se demander si j’avais toutes mes facultés de raisonnement, parce que je dus lui dire deux ou trois « pardon? », « comment ça? » pour la faire répéter. Mais elle parlait toujours de cette fameuse frustration, et rien à faire, je n’arrivais pas à comprendre.
L’autre jour, je vais dans un centre pour parents-enfants que je ne nommerai pas pour voir si je peux faire une séance de musique d’essai pour Alexandre et moi. La directrice, qui paraissait fort charmante, a passé dix bonnes minutes, à m’expliquer qu’elle « faisait pleurer les bébés » au moment de changer d’un instrument à un autre, « pour les habituer à la frustration ». J’ai tenté d’éviter de loucher (euh non ce n’est pourtant pas un tic chez moi!). J’ai écouté sagement. J’ai remercié. Et je me suis promis de ne pas remettre les pieds dans ce lieu!
Je vais vous dire franchement ce que je pense et pour cela, je vous raconte encore quelque chose: quand un petit naît, il pousse un cri. C’est « mignon » m’a dit une nana l’autre jour. Einh? Mignon? Mais ne sait-elle pas que cela correspond à de la douleur? Les alvéoles des poumons s’ouvrent pour la première fois, remplies d’air et c’est douloureux pour le bébé. C’est pour ça (et pour tant d’autres raisons) que nos bébés ont tellement besoin d’être contre nous tout de suite. Ils ont besoin de réconfort, de bienvenus, de joie, de larmes, de bonheur. Ils ont fait un boulot phénoménal à essayer de sortir (et quand on les a, pardonnez-moi, emmerdé, en les tirant, déformant, maltraitant (je pense notamment aux forceps), mille fois plus), alors tout ce dont ils ont besoin quand ils y ont enfin réussi (ou quand ils sont enfin de l’autre côté), c’est d’entendre, de ressentir des « bravos » (ou des « pardons »). Pas de « oh mais c’est mignon qu’il crie, laisse le crier, il a de bons poumons, oh et puis si on lui faisait une petite toilette, et si on le mesurait, le pesait et lui faisait encore plein d’expériences dessus? » Bande de sadiques!
Et quand mon enfant pleure parce qu’il a faim, parce qu’il crève d’envie d’avoir un câlin, d’être tout contre moi, je devrais le laisser pleurer « pour lui apprendre à être frustré »? Et c’est moi qui suis sensée être folle? Merde, mais bien sûr que je lui donne à boire, à manger, un câlin tout de suite, et pas trois heures plus tard ou jamais!
Après quand je lui donne à boire, à manger, un câlin…, je pose toujours des mots : « tu veux téter mon bébé! » (ça marche aussi pour le bib, foi d’auxiliaire_ sans le « mon bébé »), « Oh mais tu as faim mon bébé! », « Tu veux un câlin! » Vers les huit mois d’Alexandre, j’ai pris des cours d’initiation à la langue des signes pour bébé (pour cela je vous conseille, amis de la région, Floriance Zitouni, association Maternaitre). Dès que j’ai pu, soit dès que j’ai vu qu’Alexandre avait faim, soif, besoin d’un câlin…, je lui demandais en signant : « tu as soif? », « tu as faim mon bébé? », « tu as besoin d’un câlin? » et Alexandre soit a peu à peu fait le signe pour confirmer en essayant de dire « soif », « tétée », « de l’eau », « gâteau » (ce qui veut dire pour lui aussi « galette de riz » et « j’ai faim » ;)), « doudou », soit a appris à dire « oui » ou « non », avec un « oui » et un « non » très franc. S’il pousse un cri pour exprimer un besoin que je devine, je lui dis de suite : « on dit : «  de l’eau Maman s’il te plaît » » et je signe les trois mots. « on dit « merci Maman » ». Ce qui donne qu’à l’heure actuelle, Alexandre dit « merci », « s’il te plaît », « pardon » à bon escient et très souvent sans même que je lui dise «  on dit « pardon quand on rote mon bébé, c’est la politesse. » (par exemple!)
Je réponds donc aux besoins de mon petit, je les prends au sérieux, mais je ne devance pas leur expression.
Car dans le fond, cette formulation "d'habituer à la frustration », quand j’essaie de la comprendre, n’est ce pas pour les gens aimant leurs enfants la peur des fameux « caprices »,  que l’enfant ne sache ni patienter, attendre, ni se contrôler un jour?
Mais mettre les mots, simples et justes, j’en suis intimement convaincue, avec politesse, gentillesse (oui tout ça!), aide l’enfant à « civiliser » ses besoins. Il apprend ainsi à les reconnaître et à les exprimer clairement, avec clarté pour les autres, mais aussi pour lui.

Au sujet des nouveaux-nés:
On a prouvé scientifiquement (électrodes à l'appui) qu'un nouveau-né quand il pleure est dans le même état de panique qu'un adulte pris dans un incendie. Souhaitez-vous donc toujours le laisser pleurer? Plus on répond tôt aux besoins d'un nouveau-né, plus il sera serein et apte à exprimer ses besoins de plus en plus clairement et calmement, car sûr d'être entendu et compris. Tout bébé commence toujours par de petits mouvements, petits sons, puis plus grands sons et enfin cris si on ne répond toujours pas à ses besoins. Si on attend qu'il crie, pleure ou hurle, il comprend qu'il n'y a que ce moyen pour être entendu et par la suite criera d'emblée. 


Après, vous, est-ce que vous aimez attendre quand vous crevez de soif? N’êtes-vous pas irascibles quand vous avez la dalle? Ne devenez-vous pas un peu barge quand vous n’avez pas de signe d’affection et de considération de votre entourage (moi si!)? Alors imaginez a fortiori combien cela est source de souffrance et de confusion pour un tout petit! Non seulement le tout petit est comme nous, mais il est en train de se former. Alors donnons-lui le meilleur et pas 30 ans plus tard! 
Et n’allons pas le contrarier exprès tout de même! La vie offre assez de douleurs, souffrances, chagrins, malheurs de fait, sans qu’en plus on en rajoute, vous ne croyez pas? C’est en aidant nos petits à grandir en répondant du mieux possible à leurs besoins que nous les aidons à devenir des personnes à l’aise dans leur peau et fortes, capables de faire face à tous ces éléments de la vie. Pas en les faisant pleurer.
Et plus ils auront un "capital bonheur", plus cela sera aisé.

Mais la suite au prochain article: sur le plaisir.