Ce Blog a été créé en premier pour ma famille et mes amis, en réponse à une demande de "liste de naissance":
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Ce Blog est aussi un carnet reflet de ma maternité et un lieu de mutualisation de réflexions, idées, astuces, contacts autour de Bébé, et maintenant du jeune enfant élaborés, trouvés et reçus au gré de lectures et rencontres avec de belles personnes.

On peut aussi y trouver quelques unes de mes propositions artistiques, notamment tous les rendez-vous pour écouter mes contes, les informations concernant mes publications et mes coups de cœur.

J'espère qu'il vous sera utile et/ ou que vous prendrez plaisir à le lire.


Plein d'amour.

Isabelle.

dimanche 7 juin 2015

Notre lait d'amour



J’entends ma cousine dire : « Le lait à la base c’est juste alimentaire, autrement on prend l’enfant pour un jouet. »
Comment peut-on parler comme ça? Ça me choque, c’est tellement faux.
Depuis l’expérience de John Bowlby et de ses pauvres petits singes, on sait très bien que l’amour est plus important que le lait et que la prise de lait est prise d’amour en même temps. Je rappelle cette expérience : on a séparé ces petits singes de leur maman et on leur proposait une mère en fer (barbelés? Je ne sais plus) avec un système avec du lait où le petit pouvait boire et une mère à l’opposé de la cage en matériel tout doux tout chaud. Le petit préférait se blottir contre la seconde, quitte à se laisser mourir de faim.
Non seulement ce n’est pas jouer avec l’enfant que de lui offrir tout notre amour en l’allaitant, mais c’est un besoin vital, essentiel. Maria Montessori rappelle dans L’Enfant et sa famille, que « l’homme ne se nourrit pas que de pain. » Mais en fait tout être vit de nourriture d’amour.
Après il existe des femmes qui ne répondent aux demandes de leur enfant qu’en voulant les faire téter. Mais l’allaitement n’est pas la seule réponse d’amour (sinon le bout des seins est très vite irrité et l'humeur aussi...) Le contact contre soi, les bercements, les gestes tendres, les chansons douces, la danse… tout ce qui peut être doux et signifier :
«  je t’aime, je suis heureuse que tu sois en vie, que tu sois dans ma vie et la Vie est belle.
Je t’aime et je suis heureuse d’être ta maman. Et toi, es-tu heureux que je sois ta maman?
Je t’aime, je suis ta maman pour toujours et je serai toujours là pour toi, aujourd’hui, dans cette vie et au-delà. »
Combien de fois ai-je murmuré ce genre de paroles à mon tout-petit? Dès sa naissance.
Et les gens disaient : « comme il est serein! Oh mais on dirait qu’il sourit! »
Et vous croyez que c’est juste parce que je lui donnais du « lait alimentaire »?

Je pense à des amies qui « n’ont pas pu faire autrement » que de donner du lait artificiel, mais vos biberons, c’est avec amour que vous le donnez, pas en regardant la télé en même temps, en parlant au téléphone ou en criant après quelqu’un. C’est en le regardant, en lui murmurant, en lui chantonnant. Vous savez qu’il en a besoin, que ces moments sont précieux et uniques et que cela vous fait du bien. Vous signifiez à votre bébé qu’il compte pour vous. C'est votre nourriture d'amour.

Alexandre a 15 mois. Et oui je l’allaite encore. Et si Dieu le veut bien, j’aimerais le faire encore longtemps et continuer à le faire sans complexe.
« C’est le lait du petit-déjeuner! » Je lui dis le matin.
« C’est bon mon bébé, c’est le bon petit lait? » je lui dis quand il se redresse un grand sourire aux lèvres, tout gazouillant, après avoir téter pendant un bon temps dont je ne regarde jamais la durée.
Non seulement c’est « son » lait d’amour, mais en plus c’est le meilleur aliment qui existe (cf. la conférence de Carlos Gonzalez sur l’alimentation) : il est plus riche en calorie que des pommes de terre, c’est l’aliment le plus riche en vitamine C... Il porte des tas de défenses immunitaires que jamais un lait de vache, auquel est ajouté plein de trucs (mais pourquoi tous ces trucs?) ne portera.
(L’affection, les regards chaleureux, les mots d’amour booste aussi ses défenses immunitaires.)

Et de surcroit, non seulement « je ne m’épuise pas » comme tant de personne me le demande, mais je me ressource. En France tout particulièrement, on complexe à prendre plaisir, on réduit de suite le plaisir à la sexualité. Les adultes rabrouent leur petits quand ils voient qu’ils prennent plaisir, ils les coupent dans leur activité, les parasitent. Et quand il s’agit de l’allaitement, oh ciel, comment, la mère prend plaisir? Mais oui! La nature est bien faite, quand il y a de l’amour, le plaisir est au rendez-vous. Je devrais me cacher parce que mon allaitement est agréable? Parce que mon enfant me soulage le poids et la tension de mes seins, mais aussi m’offre des câlins, des regards merveilleux, des sourires, des rires, des pluies d’étoiles de beauté et de pureté? Mais il n’y a rien de plus beau! Nous sommes même faits pour cela!

Et quand des pauvres mamans veulent allaiter et souffrent le martyr parce qu’elles ont mal au sein, arrêtez de leur dire que c’est normal. Non, ce n’est pas normal! Déjà arrêtez de leur bousiller leur accouchement. Le lait vient avec l’amour. Et je ne joue pas du violon. S’il faut appeler la science à l’appui, appelons-la! Quand la femme accouche et est respectée dans cet accouchement, naturellement, un tsunami d’amour l’envahit. En elle est libérée cette hormone merveilleuse nommée ocytocine. Cette hormone (cf. la conférence du Dr Guéguen) est la source de la sérotonine et des endorphines, hormone de l’humeur et du système de récompense de la personne par le plaisir. Quand la femme est laissée tranquille avec son bébé (et c’est tout ce dont ils ont besoin), l’ocytocine permet au lait naturellement de venir : colostrum (les quelques gouttes de lait de la naissance adaptées exactement à la taille de l’estomac de l’enfant_ taille d'une bille_ et si riche en tout ce dont il a exactement besoin), puis peu à peu lait de transition, et avec la montée de lait le lait mature. Au sujet du colostrum: on a fait pompé les seins de ma voisine dès la naissance du petit pendant 15 minutes toutes les 3 heures pour arriver à lui "faire donner du lait", lui remplir un biberon! Et cela dans une clinique nouvellement labellisée "amie des bébés"! C'est à croire que le label exclue l'amitié avec les mamans pour arriver à son but! On marche sur la tête. Du coup, elle a le bout des seins tout abîmé et n'arrive plus à donner ses seins à son petit à cause de la douleur. Bravo!

Comme il y a tant de manque d’informations et même de mésinformations-poisons comme ce « le lait à la base n’est qu’alimentaire » (dit avec tant d’assurance!), je vous invite à lire (je retrouverai son nom dans quelques jours!), petit livre très clair, plein d’humour sur l’allaitement, ou le livre très appuyé d’Ina May Gaskin, Le Guide de l’allaitement naturel, ou de vous rapprocher de la Leche League. La Leche League est une association avec beaucoup d’antennes. Elle « sauve » l’allaitement de nombreux parents-bébés chaque jour. Ses conseils sont individualisés, très nuancés, réellement pour la santé. En ce moment à Nice, les réunions sont relayées par l’association Grandissons (« Réunion de parents allaitants »).

Je vous cite une phrase d’une sage-femme qui  me permet toujours de faire la part des choses avec harmonie concernant mon allaitement : « c’est son lait, mais ce sont tes seins. » Mon bébé a un droit absolu à son lait. Mais ce sont mes seins : si j'ai mal, c’est que quelque chose cloche.
Le peu de fois où en positionnant mal sa bouche, Alexandre m’a un peu pincé le téton, je lui ai tout de suite dit et il a tout de suite lâché le sein. Il lui est arrivé d’avoir besoin de téter sans boire le lait (tétouille), alors de même, comme je commençais à être irritée, j’ai retiré doucement mon bout de sein de sa bouche. Quand ses dents sont apparues, il lui est arrivé une ou deux fois que ses dents par mégarde me fassent mal. Mon cri non seulement l’a tout de suite fait lâché, mais aussi fait pleuré. Il lui était insupportable de savoir qu’il m’avait fait mal. La douleur pendant l’allaitement n’est pas normale.

« Il ne se détachera pas de toi. » C’est tout le contraire. Quand il a fini de prendre ce dont il a besoin, il se détache de lui-même. Et c’est d’ailleurs vrai pour tout : le portage, le cododo, les bras… et non je ne le retiens pas. Il grandit, et je m’en réjouis.

Alors tordons le cou aux publicités mensongères et donnons nos laits d’amour . Donnons nos laits, d’amour.

NB : je n’en veux pas à ma cousine. Elle parle avec son histoire de vie, son histoire avec l’allaitement.Mais il n'est pas possible de laisser véhiculer des idées si fausses et nuisibles. J'espère que si tu lis cet article chère cousine, tu le comprendras. Paix.